Histoire de la photo : sténopé, chambre noire et claire

La photo : sténopé, chambre noire et claire…

avant l’enregistrement de l’image.

 

– Le principe de la chambre noire a été décrit par Aristote (384-322 av. J.C.) et est plusieurs fois évoqué par des auteurs du XIIIe s (Roger Bacon, Guillaume de Saint-Cloud). 

Toutefois, on attribue son invention + celle du sténopé (petit trou sans diaphragme ni lentille) et le début de l’optique moderne à Alhazen (Ibn Al-Haytham), scientifique perse (966-1039).

Chambre noire
Chambre noire (chambre obscure ou camera obscura) – Sténopé

Une chambre noire est constituée d’une pièce noire et d’un petit trou par lequel passe une scène réelle lumineuse (corps lumineux, flamme d’une bougie, image d’une diapositive projetée sur un mur, ampoule électrique allumée…).

Elle peut être aussi sous forme de boîte miniature avec, en face du sténopé, une surface sensible à la lumière ou simplement translucide (verre dépoli ou papier calque) que l’on peut observer dans le noir.

Il ne faut aucune fuite de lumière.

L’appareil à sténopé se présente donc sous la forme d’une boîte noire, mate à l’intérieur et percée d’un petit trou. Sur la surface opposée se forme une image inversée comme dans l’œil.

Le trou du sténopé est minuscule et permet donc une grande profondeur de champ, mais le temps nécessaire pour impressionner la surface photosensible est très long.

La première formule pour déterminer le diamètre du trou fut énoncée par l’autrichien Joseph Petzval en 1857. Le futur prix Nobel, John William Strutt Rayleigh établira une formule dans les années 1880 en travaillant sur les télescopes.

Par extension, on appelle ainsi l’appareil photographique utilisant un tel dispositif.

Leon Battista Alberti (1404-1472) met au point un système de miroirs permettant d’obtenir des dessins réduits de panoramas.

Léonard de Vinci explique aussi le principe de la chambre noire en 1514.

Les visiteurs du physicien architecte italien Giambattista Della Porta (1535-1615) auraient été effrayés en voyant sur le mur l’image des petits personnages se déplaçant la tête en bas. Il a été accusé de sorcellerie.

Pourtant, on ne commença à utiliser une chambre noire portable qu’au XVIe s, notamment pour des travaux topographiques.

Daniel Barbaro améliora en 1568 la chambre noire en la dotant d’une lentille de verre (objectif), ouvrant ainsi la voie aux générations postérieures d’astronomes. Les rayons lumineux peuvent alors être focalisés, concentrés.

Le Père Scheiner, astronome, qui dota cet appareil d’un diaphragme et parfois d’un miroir incliné à 45° (ancêtre du reflex), se servit de cet instrument pour dessiner les taches solaires.

 

La théorie suivant laquelle Johannes Vermeer aurait utilisé cette « camera obscura » (chambre noire en italien) pour peindre ou dessiner une partie de son œuvre a été exposée en 1891 par le lithographe américain James Pennell. Elle a été depuis largement fondée.

En 2001, le peintre David Hockney a fait paraitre un ouvrage, Savoirs Secrets ; Techniques Perdues Des Anciens Maîtres dans lequel il démontre que depuis le début de la Renaissance, un grand nombre de peintres (Ingres, Van Eyck, Le Caravage…) ne faisaient pas toujours leur dessin à main libre mais en utilisant des dispositifs optiques comme les chambres claires, chambres noires ou des projections d’images par miroirs concaves pour mettre en place leurs tableaux.

Les travaux d’Hockney ont été critiqués par Ross Woodrow de l’Université de Newcastle en Australie. Actuellement, bien que proposées aussi dans certains traités de peinture, les techniques photographiques et de projection sont toujours tabou. Elles sont en effet assimilées (à tort ou raison) à une facilité, une méconnaissance et une absence de pratique des techniques de dessin.

Cependant, s’il ne fait guère de doute que Vermeer ait utilisé une camera obscura, il ne faut pas perdre de vue que, comme le dit Hockney, ce n’est pas elle qui dessine mais la main de l’artiste. De plus, il fallait aussi insuffler un style et une sensibilité, coordonner le travail d’équipes de peintres d’art spécialisés qui devaient aussi connaître le corps humain et maîtriser les techniques de peinture (couleurs, perspective, quadrillage des fresques …).

Au XVIIIe s, d’autres artistes comme Thomas et William Daniell utilisèrent la camera obscura en Inde pour la précision de leurs croquis, aquarelles et gravures.

La lentille miroir a également été utilisée dès le XVe siècle, notamment pour les portraits. Le reflet du modèle est projeté par un miroir sur la toile placée dans un coin sombre.

La physiognomonie, de Johann Kaspar Lavater, vers 1780. Cette machine permet de dessiner les silhouettes des modèles.

Physio
Physio

Une chambre claire (camera lucida) est un dispositif optique utilisé comme aide au dessin par les artistes. Elle fut brevetée en 1806 par William H. Wollaston.

La chambre claire effectue avec un prisme une superposition optique du sujet à dessiner et de la surface où doit être reporté le dessin. L’artiste place des points clés du sujet à reproduire, ou même ses grandes lignes avec un crayon blanc sur papier noir. La perspective est reproduite de façon parfaite, sans construction.

 

 

dessin chambre claire
Dessin à la chambre claire

 

La chambre noire de  Nicéphore Niépce est mise au point en 1820. 

Louis Daguerre va travailler par la suite avec lui, essentiellement sur le plan des relations publiques et industrielles, mais l’inventeur novateur est Niépce.

Avec le bitume de Judée et la plaque d’argent, nous abordons par la suite un chapitre essentiel : l’enregistrement de l’image photographique.

Cette petite histoire de la photo n’est pas exhaustive : de nombreuses inventions et acteurs ont participé aux améliorations qui se sont succédées.

N.L.

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