Archive pour la catégorie ‘histoire’
Peinture à l’œuf, à la détrempe, tempera
– HISTOIRE :
Connues depuis l’antiquité (égyptiens, byzantins), puis au moyen-âge, les techniques ont repris de l’importance des XIIIe au XVIe s, pas seulement en Europe (Inde…).
La tempera (ou tempéra) devient rare par la suite, remplacée par la peinture à l’huile.
Pour des raisons de rapprochement avec le naturel et le plaisir de « cuisiner » avec des produits de base, la peinture à l’œuf revient un peu au goût du jour.
Mais il est bien plus facile d’utiliser les tubes ou godets d’aquarelle, gouache ou huile.
– TERMINOLOGIES ET TECHNIQUES :
La détrempe est une peinture dont les pigments sont liés par émulsions naturelles (huile du jaune d’œuf dans l’eau) ou artificielles : colles de collagène (de peau…) ou des gommes (arabique…) en solution aqueuse.
On l’appelle aussi tempera, mais certains emploient tempera pour les techniques à l’œuf, et détrempe pour les solutions aqueuses.
La détrempe est la technique dominante avant la peinture à l’huile. Elle permet une grande finesse, sèche vite (comme l’acrylique) mais ne permet pas le repentir. Fondus et dégradés sont plus difficiles qu’avec la peinture à l’huile. Le grattage est facile.
Sauf pour les lavis de préparation, il est préférable de procéder par petites surface de toiles.
On l’applique souvent en couches fines superposées, ou par fines hachures comme avec des crayons de couleur.
La dilution de la peinture pour plus de fluidité peut se faire par du mélange jaune d’œuf/eau. L’eau pure servant alors au seul nettoyage du pinceau pour changer de couleur.
La couche picturale devient résistante avec le temps par la transformation de l’huile. On peut alors polir la surface avec un chiffon et la vernir.
Bien utilisée, elle permet une bonne résistance dans le temps (des œuvres médiévales se sont très bien conservées).
Bien sèche, elle ne se dissout ni à l’eau, ni à la térébenthine, ni à l’alcool.
La détrempe en monochrome servait souvent de fond pour les peintures à l’huile.
Le support doit être absorbant : plâtre, panneaux de bois avec enduit de craie ou colle de peau, toile.
– RECETTES, MODES D’EMPLOI DE L’ŒUF : recettes diverses possibles.
1) Versez le jaune seul dans un verre en incisant la membrane. Ajouter quelques gouttes d’eau, puis du pigment en poudre de qualité, au maximum dans le rapport de 1/1, ou de la gouache.
Le mélange obtenu permet parfois de faire des épaisseurs relatives (presque comme à l’acrylique) que ne permet pas la gouache simple. Les grattages sont faciles.
A utiliser de suite pour ne pas utiliser de conservateur.
2) Une part de jaune d’œuf pour une de vin blanc ou vodka. Trois gouttes d’huile essentielle de clous de girofle pour aider à la conservation dans un petit bocal hermétique. Conservation au frigo pendant une semaine maximum.
On peut faire des recettes maigres ou grasses selon la quantité d’eau dans le jaune.
Parfois, certains utilisent l’œuf entier en secouant énergiquement dans un flacon.
On peut acheter des tubes de tempera qui se conservent pas trop mal mais peuvent durcir assez vite, surtout à l’air libre. Conservation au frigo de préférence.
Notre-Dame de Paris, la suite…
EN BREF…
– Retard logique dans les travaux de reconstruction-remise en état… par rapport à l’objectif politique optimiste de 5 ans.
Cela prendra peut-être beaucoup plus, ou même « very » beaucoup plus de temps en langage superlatif de bon français de cuisine !
– Actions : démontage prudent de l’échafaudage, dépollution technique du plomb, puis mise en oeuvre du projet définitif qui sera décidé parmi tous ceux proposés.
Ce qui est certain, c’est que tout ne sera pas à l’identique.
Dans le respect de « l’esprit » de l’oeuvre et de son histoire ? Sans doute, mais ce ne sont que des mots !
– L’enquête ? Instinctivement, on peut penser au complot, que c’était une malveillance volontaire ou un acte de terrorisme.
On peut aussi sagement écouter les conclusions provisoires de l’enquête qui s’affirment comme nettes.
Évidemment, si une autre cathédrale brûle… Hors de toute enquête, cela commencerait à devenir suspect !
En rapport avec les travaux de remise en état de l’époque : accident d’imprudence, ou accident électrique qui était un risque reconnu comme sous évalué dans cet espace de charpente en bois avec poussière.
Le retard dans le déclenchement de l’alerte incendie est une autre question.
Il ne faut pas oublier que le travail des pompiers a évité une destruction totale.
Notre-Dame de Paris
Pour la flèche classée d’Eugène Viollet-Le-Duc de 1859 qui a disparu, les experts seront en débat pour la reconduire… probablement !?
(Pour info, la flèche d’origine du XIIIe s, fragilisée, avait été démontée au XVIIIe s).
Le souvenir du XIIIe siècle reste gravé dans des enluminures célèbres, notamment dans les Très Riches Heures du duc de Berry sur la planche illustrant La Rencontre des Mages.
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Il faut disposer du temps nécessaire pour l’enquête des causes de l’incendie, pour stabiliser l’édifice, le sécher, le sécuriser, faire des projets et les décider, permettre aux différents corps de métier de travailler quand c’est le moment…
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Voici une toile de lin acrylique 60 x 80 cm de N. Le Clerc :
Peinture : la façade de Notre-Dame de Paris, avant… et après l’incendie.
« Ceci n’est pas une pipe ! » (René Magritte)
Ceci n’est pas la vraie cathédrale. La preuve : la flèche est encore en place !
Lien vers les toiles de cette série (clic)
Le coq avec ses reliques internes en haut de la flèche a été retrouvé non brûlé.
Mais le paratonnerre spirituel n’aura pu servir à un feu qui vient du bas !
Clin d’œil « ensoleillé ». Il faut faire avec !
La tapisserie de Bayeux
LA TAPISSERIE DE BAYEUX (Calvados, région de Normandie)
Vous pouvez faire une belle visite à Bayeux de cette broderie connue sous le nom de « tapisserie » de 70 m de L sur 0,50 m de haut. Audio guide numéro par numéro dans la pénombre, nécessaire pour sa conservation. Musée associé.
Le roi Edouard d’Angleterre envoie Harold en Normandie. Harold doit confirmer à Guillaume qu’il sera le successeur d’Edouard sur le trône. Mais, à la mort d’Edouard, Harold s’empare de la couronne d’Angleterre. En réaction, Guillaume et ses troupes sont vainqueurs à la bataille d’Hastings en 1066.
Conservation :
Eclairage constant de 50 lux (pas de flash).
Température : 18 à 20°C
Humidité relative : 50 à 55%
Protection des saletés.
Prévention des attaques biologiques par le contrôle du climat : insectes (mites, coléoptères) et moisissures (le lin est riche en cellulose).
Manipulation avec gants en coton, sans bijoux qui pourraient accrocher la toile.
Couleurs : celles d’origine ont peu variées. Les couleurs des restaurations du XIXe sont criardes, notamment la dernière scène.
Les matériaux et teintes employées :
Support : le lin.
Exposée à la lumière du jour pour la blanchir, la teinte naturellement grise vire à l’écru puis au blanc cassé.
La laine de broderie :
La laine de grosseur variable est teinte à la toison, puis filée à la main en 4 points de broderie.
3 colorants végétaux pour 10 couleurs : plantes cultivées ou sauvages.
Trempages et séchages à l’air de la laine vont permettre des densités différentes.
– Garance ou rouge des teinturiers (Rubia tinctorum) : rouge rosé, orangé ou brun violet.
– Gaude (Réséda luteola) : jaune moutarde. En association avec pastel : beige ou vert foncé.
– Pastel des teinturiers (Isatis tinctoria) : différents bleus et verts.
Bien avant l’indigo des Indes, on utilisait à cette époque cette plante pour obtenir du bleu.
Quelle est la plus grande tapisserie du monde ? Celle de l’Apocalypse à Angers : 130 m de long et 6 m de haut. Du XIVe, et restaurée depuis 1849
Une suggestion discrète et un peu honteuse dans notre monde trop sérieux pour ne pas « humoriser » ?
Imaginez Guillaume le conquérant qui débarque à Omaha Beach en 1944, puis qui va non loin en terrasse pour déguster… une pâtisseries de Bayeux.
Ah, lézarder par hasard dans les arts de la table !
Mais tout abus nuit à la santé et, si nous avons le choix, faisons de l’exercice physique et pas la guerre.
Histoires surprenantes n°4
Histoires surprenantes n°4
Sortie de l’album le 4 octobre 2014
*
Table des THÈMES du n°4 (différents des titres) :
Le rond et le carré
L’homme qui hésite
Transformer le monde
La sieste
Refaire le monde
La sélection biologique
Cicatriser ses blessures
Ne pas être dans la norme
La chlorophylle part à l’attaque
Le besoin d’être aimé
La nostalgie
Une époque pressée
Le harcèlement à l’école
L’origine de l’Homme
La justice doit tout résoudre
Une maladie rare et mal comprise
Le raciste
L’herbe est plus verte ailleurs
S’interroger ou pas
La rumeur
Tout faire… et partout
Difficultés de vie et communication
La machine à ragots
La fumée sans feu
Ce qu’il restera de nous
Un monde de douceur ?
L’humain préhistorique
La grosse révolte
Différentes façons de voir les choses
L’herbe est plus verte ailleurs ?
Un rêve d’évasion
L’hypocondriaque
L’artisan
La vie des bêtises
Charlie
S’engager ou pas
Un bonheur caché
Vivre entre deux chaises
Auschwitz
Née au mauvais endroit
Qui es-tu, toi qui tue ?
Aller au sud
Des textes plus roses ou bleus que ceux des albums précédents ? Non, toujours des histoires très différentes en 1 ou 2 pages… et surprenantes !
Voir Écrits par l’onglet Galeries.

Laughing out loud lol :)
Musées d’Orsay et de l’Orangerie
Après Le Louvre dans les premières pages de ce Blog : Orsay et l’Orangerie !
Programme jusqu’en août 2014 : Vincent van Gogh ; Gustave Doré ; Jean-Baptiste Carpeaux…
Et n’oubliez pas les expos et musées près de chez vous…
Des questions (aimables) aux « gardiens » ? Ils savent beaucoup de choses.
Dans les musées, c’est « photo autorisée, parfois sans flash ni pied… ou photo interdite ».
Raisons parfois invoquées : conservation des pigments colorés, droit à l’image, gêne des autres visiteurs, vente de produits dérivés et reproductions, copies illicites, vente des œuvres originales sur catalogue à partir des photos prises (puis vol de ces œuvres quand le client est trouvé)…
Ecriture : la fable
– Définition :
Une fable, appelé aussi apologue, est une courte fiction, un conte en vers ou en prose qui donne de façon plaisante une leçon de vie, de prudence. Elle se caractérise par la mise en scène d’animaux le plus souvent, d’êtres humains ou d’autres entités.
C’est en faisant agir les animaux que la fable se distingue des genres similaires, l’allégorie et le conte.
Une morale est souvent exprimée ou implicite.
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Les fables se retrouvent dans bien des cultures. Elles ont été souvent transformées par le narrateur, le philosophe, le poète ou le conteur au fil des siècles.
– Un exemple : Le corbeau et le renard
Le corbeau et le renard apparaît chez Ésope (poète Grec du VIe siècle av. J.C.) à qui on attribue la fable comme genre littéraire. Il a été repris par Phèdre (premier siècle ap. J.C.).
C’est l’une des quelques 414 fables en vers de La Fontaine… et pas la moins célèbre.
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– Texte d’Ésope en Grec ancien :
– Traduction de Daniel Loayza (Ésope, fables – Flammarion) :
Traduction avec libertés, mais destinée à en faciliter la lecture en Grec, donc un peu lourde par l’exactitude.
Un corbeau avait enlevé un morceau de viande, puis s’était perché sur un arbre.
Un renard l’aperçut.
Voulant s’emparer de sa viande, il vint se tenir devant lui et entreprit de louer sa belle taille et sa prestance ; en outre, nul autre oiseau ne méritait plus que lui la royauté, qu’il aurait sans doute obtenue, pour peu qu’il eût de la voix !
Le corbeau, pour lui prouver qu’il en avait bien, laissa tomber la viande et croassa de toutes ses forces. Alors le renard se précipita et, saisissant la viande : « O corbeau », déclara-t-il, « si tu avais aussi de la cervelle, il ne te manquerait rien pour régner sur tous les animaux ! »
Cette fable s’applique aux imbéciles.
– Fable de La Fontaine réécrite… et en vers :
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenoit en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
» Hé ! bonjour, monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. »
A ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendroit plus.
– Détournement : (d’autres versions existent, notamment argotiques…)
Le corbeau sur un arbre perché
Ne foutait rien de la journée.
Le lapin voyant le corbeau
L’interpella et lui dit aussitôt:
Moi aussi, comme toi, puis je m’asseoir…
Et ne rien foutre du matin jusqu’au soir ?
Le corbeau lui répondit de sa branche :
Bien sûr, ami à la queue blanche,
Dans l’herbe verte tu peux te coucher
Et ainsi de la vie profiter.
Blanc lapin s’assit alors par terre,
Et sous l’arbre resta à ne rien faire,
Tant et si bien qu’un renard affamé,
Voyant ainsi le lapin somnoler,
S’approcha du rongeur en silence,
Et d’une bouchée en fit sa pitance
Moralité :
Pour rester assis à ne rien branler
Il vaut mieux être très haut placé…
(Si vous êtes « haut placé », un peu d’humour, merci !)
Science ou poésie ?
Vous aimez la poésie ? Ok
Vous n’aimez pas la poésie ? Je vous comprends probablement aussi, mais vous pouvez tout autant lire ou écouter de bons textes.
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Le titre de ce petit article « Science ou poésie » est un peu provocateur. Tant pis ou tant mieux !
La science (la vérité, l’efficacité…) a parfois été en concurrence avec l’art (l’inutile ; pour les contemplatifs…) et la religion (en concurrence ; risque de remise en question des interprétations d’écritures anciennes sacrées…).
Est-ce bien nécessaire ?
– Les savants des siècles passés étaient parfois moins spécialisés que les scientifiques d’aujourd’hui. Ils pouvaient marier la science et l’art, avec ou sans bonheur !
– Les sorciers et magiciens pouvaient autrefois marier la science, l’art et la religion, avec ou sans bonheur !
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Albert Einstein aurait pu, dans un moment de fantaisie, résumer certains de ses travaux par une bonne formule délicatement tirée par les cheveux :
E = mc2 , ce qui signifie : l’Émotionnel dans l’énergie est égal au produit de la Mour en rondeurs et du Charme au carré.
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Les autres pages du blog sont dans les entrées anciennes, au bas de cette page.
Le flux RSS, en haut à droite, ne donne que la première page.
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A ce jour, 6 pages de Blog et 60 articles.
Le glacis à l’huile traditionnel (1) :
Vous pouvez consulter sur le Forum de ce site et par ce lien la méthode de glacis de Léonard de Vinci redécouverte et appliquée par Jacques Franck.
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Le sfumato :
Le sfumato est une méthode de perspective atmosphérique par glacis de peinture à l’huile, sans lignes ni contours, vaporeux, comme la fumée. L’exemple-type est La Joconde.
Superposition de plusieurs couches de peinture liées qui donnent des contours imprécis : davantage de réalisme que des contours nets.
L’objectif est de donner une illusion du réel, une profondeur et une vibration qui donne vie au tableau.
Cette technique nécessite la superposition de plusieurs ou nombreux glacis, donc de temps de séchages lents avec les médiums traditionnels. Il faut connaître les pigments transparents, l’ordre dans lequel ils doivent se superposer et leurs comportements en mélange. Il faut maîtriser les glacis et les pinceaux. L’artiste doit connaître ses mélanges et les préparer à l’avance en notant compositions, proportions et ordre de passage. Le tableau sera peint à plat et protégé de la poussière pendant le séchage. Supports : panneaux de bois, toiles marouflées sur panneau, toile de lin extra fin sur support qualité musée.
Préparation du support : multiples enduits de colle de peau + blanc de Meudon. Poncer entre chaque couche pour avoir une surface parfaitement lisse (l’enduit universel craque avec le temps).

La Joconde : un travail de maître artiste délicat, de « savant » dans la technique de réalisation et la chimie. Une commande royale : Henri IV (Vous savez, le Monsieur qui aimait les poules qui n’ont pas de pot).
Du temps de réalisation.
De multiples couches en glacis (Suffit-il de changer les couches d’un bébé pour obtenir le même résultat ?)
Un sourire sphinx qui questionne… comme un tableau abstrait peut le faire !
Les glacis successifs vont soit éclairer, soit assombrir la première tonalité. Peindre chaque glacis quand le glacis inférieur est sec au toucher en ne le colorant, de préférence, que d’un seul pigment. Utiliser des couleurs transparentes. Chaque glacis forme comme un calque qui rectifie la profondeur et la chromatique, la sensation de relief, de modelé vaporeux, d’ombrage en contour atténué de l’ensemble. Chaque glacis doit être le plus fin possible, passé avec un pinceau doux (martre, putois, oreille de veau). On peut utiliser des langues de chats en martre, ou des usés bombés.
Il y a plusieurs sortes de glacis : les glacis « foncé sur clair », les glacis « ton sur ton », et les glacis « clair sur foncé ». Les glacis de « blanc transparent (zinc) » sont appelés « vélatures ». Les derniers glacis vont unifier les teintes et atténuer les contrastes. La particularité du sfumato est qu’aucun contour n’est net. Pour faire même disparaître les touches de pinceaux les plus fins dans les glacis, il faut utiliser de la résine à séchage très lent (comme la térébenthine de Venise), et de la standolie (mais uniquement dans les dernières couches).
Une méthode plus simple consiste à ne faire que des glacis sombres sur une peinture fine sèche et poncée où les autres tons ont déjà été travaillés.
Avec la térébenthine de Venise, utiliser de l’essence d’aspic, de l’essence de térébenthine rectifiée et de la standolie (huile de lin polymérisée) pour les derniers glacis, en respectant le gras sur maigre. Chaque nouveau glacis doit être plus gras que le précédent (augmentation progressive de la proportion de résine, puis de standolie dans le mélange, sans dépasser 5%). La standolie et la térébenthine de Venise vont effacer les touches, mais sèchent très lentement (plusieurs semaines pour chaque glacis). Attendre que le glacis soit bien sec avant de le recouvrir. Cette technique diffère du glacis dans le demi-frais de la peinture académique.
L’essence d’Aspic est à séchage lent. Utiliser en petite quantité pour des retouches maigres sur une première base (une ou plusieurs couches maigres) diluée à la térébenthine rectifiée. Elle a un très bon pouvoir solvant, qui confère à la peinture et à la touche beaucoup de moelleux. Sa particularité est de fondre, de lier les couches. Comme les autres liants pour la peinture à l’huile, l’essence d’Aspic est très dangereuse. Son odeur monte à la tête et il est difficile de la travailler longtemps, le nez sur son tableau.
Son pouvoir solvant est moins sec et poisseux que la térébenthine. Pour les adeptes des techniques anciennes de glacis, le mieux est d’utiliser le Baume de térébenthine de Venise (résine du mélèze) en dosage de 5%, (pas plus, pour éviter les craquelures) dans de l’essence d’aspic. Pour conserver la loi du gras sur maigre et éviter les embus (même si le baume de térébenthine de Venise est justement utilisé pour les éviter), on ajoute, couche après couche quelques gouttes d’huile de lin polymérisée dans le mélange. Le séchage est très lent et la peinture reste brillante, ce qui évite un vernissage final. Mieux vaut peindre tout le tableau avec cette recette et attendre le séchage de la couche avant d’en passer une autre.
L’utilisation de couleurs simples croisées en transparence est le principe : blanc, vermillon, terre d’ombre etc… Les proportions et dosages de saturation permettent de monter à la fois les zones claires et les zones obscures, à partir d’un fond moyen.
Le principe du glacis est un mélange par l’optique plutôt que sur la palette. On pourrait le rapprocher des techniques informatiques à base de calques transparents.
Condensé, essentiellement d’après un article de Gabriel Delmas
ps : Les glacis actuels peuvent se faire également et notamment avec des résines alkydes et différents médiums… pour glacis.
La Joconde
Léonard de Vinci travailla au portrait de Mona Lisa, La Joconde, pendant quatre ans, de 1502 à 1506 (séchage des multiples glacis).
C’est une huile sur panneau de bois de peuplier, de format 77 x 53 cm.
Le roi de France François Ier lui acheta pour 4000 pièces d’or.
Elle repose maintenant au musée du Louvre : actuellement, autour de 15 000 visiteurs/jour.
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« Je souris des efforts que tu fais pour deviner ce qui me fait sourire »
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Des anecdotes parmi d’autres :
– On compte une soixantaine de copies anciennes… plus les copies récentes.
– Un ouvrier Italien peintre décorateur au Louvre, vola la Joconde en 1911 pour la rapporter dans son pays par patriotisme… et essayer d’en tirer profit.
Il ne restait du clou de la collection du Louvre que quatre clous de fixation. Mais on fit la queue au Louvre pour défiler devant l’emplacement vide !
On pourrait ajouter : « tu m’as volé un sourire ! »
Une somme mirobolante :
Un siècle plus tard, la photographie d’identité judiciaire du voleur a été adjugée à 3.825 euros en mars 2012 lors d’une vente aux enchères parisienne dédiées aux photos et organisée par la Maison Tajan. Ce cliché, de 123 X 54 mm, pris par Alphonse Bertillon en 1909, montre Vincenzo Peruggia de profil et de face.
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Une petite enquête sur 98 visiteurs observés :
Le temps passé est très court : 15 secondes en moyenne. La majorité des visiteurs, qui sont très rarement seuls, regarde pourtant très intensément le tableau. Les petits groupes partagent des commentaires à voix haute : « je la croyais plus grande ».
Un homme et deux femmes ont eu des comportements atypiques.
Un homme, handicapé, est resté un peu plus d’une heure sur son fauteuil roulant. Dès son arrivée, il demanda à des jeunes filles de le rapprocher du tableau. Dès qu’elles furent parties, ce qu’il vérifia en tendant le cou vers l’ouverture de la salle suivante, il demanda à d’autres jeunes filles de l’aider à prendre du recul… Il se fit ainsi déplacer sept ou huit fois et ce petit ballet dura une heure.
Ensuite, deux femmes étaient en contemplation et en conversation très animée. Au bout d’une demi-heure en face du tableau, soit beaucoup plus de temps que la plupart des visiteurs. Étaient-elles historiennes d’art, conservatrices de musées ? Nous nous sommes rapprochés. Elles parlaient… recette de cuisine en face de la Joconde, et pas de Léonard ou de son sfumato (voir Lexique).
Les questions que se posent les visiteurs ne sont pas toujours celles auxquelles les audio guides « voudraient » répondre !
A notre demande « Quelle est la première question que vous vous posez ? », nous avons eu les résultats suivants : Un premier groupe de réponses très majoritaires avec ce « Combien coûte-t-elle ? ». Les deux autres questions étaient « Mais c’est impossible que ce soit un homme, elle a l’air d’une femme ! » ; « C’est vrai qu’elle a été volée ? C’est peut-être un faux, alors ? ». Le dernier groupe de questions portait sur sa notoriété : « Pourquoi est-elle si célèbre ? Depuis quand ? ».
Et après seulement on notait de « bonnes » questions pour les historiens d’art : son authenticité, son style, le sfumato, l’histoire du tableau, sa place dans l’histoire de l’art, dans l’œuvre de Vinci, l’engouement des artistes pour Léonard et la Joconde, les restaurations, celles du cadre, sa protection, ses prêts et voyages, l’impossibilité de la prêter aujourd’hui, sa valeur, sa reconnaissance au cours des siècles…
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Un commentaire qui, par son vécu, désacralise un peu le sujet :
« Que d’histoires pour un tableau ! J’ai visité le Louvre comme tout collégien à qui l’on impose ce pèlerinage. Je n’ai pas pu approcher, une horde de résidents du soleil-levant monopolisait les abords. Quand ma classe a pu approcher après mille excuses et jouer des coudes, que ne fut pas ma déception de voir un ridicule petit tableau. Une barrière ne permettait pas d’approcher. Fallait une longue vue.
Heureusement que mon livre d’histoire présente plus avantageusement la Mona Lisa ».