Le glacis à l’huile traditionnel (1) :

Vous pouvez consulter sur le Forum de ce site et par ce lien la méthode de glacis de Léonard de Vinci redécouverte et appliquée par Jacques Franck.

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Le sfumato  :

Le sfumato est une méthode de perspective atmosphérique par glacis de peinture à l’huile, sans lignes ni contours, vaporeux, comme la fumée. L’exemple-type est La Joconde.

Superposition de plusieurs couches de peinture liées qui donnent des contours imprécis : davantage de réalisme que des contours nets.
L’objectif est de donner une illusion du réel, une profondeur et une vibration qui donne vie au tableau.

Cette technique nécessite la superposition de plusieurs ou nombreux glacis, donc de temps de séchages lents avec les médiums traditionnels. Il faut connaître les pigments transparents, l’ordre dans lequel ils doivent se superposer et leurs comportements en mélange. Il faut maîtriser les glacis et les pinceaux. L’artiste doit connaître ses mélanges et les préparer à l’avance en notant compositions, proportions et ordre de passage. Le tableau sera peint à plat et protégé de la poussière pendant le séchage. Supports : panneaux de bois, toiles marouflées sur panneau, toile de lin extra fin sur support qualité musée.
Préparation du support : multiples enduits de colle de peau + blanc de Meudon. Poncer entre chaque couche pour avoir une surface parfaitement lisse (l’enduit universel craque avec le temps).

La Joconde
La Joconde : un travail de maître artiste délicat, de « savant » dans la technique de réalisation et la chimie. Une commande royale : Henri IV (Vous savez, le Monsieur qui aimait les poules qui n’ont pas de pot).
Du temps de réalisation.
De multiples couches en glacis (Suffit-il de changer les couches d’un bébé pour obtenir le même résultat ?)
Un sourire sphinx qui questionne… comme un tableau abstrait peut le faire !

Les glacis successifs vont soit éclairer, soit assombrir la première tonalité. Peindre chaque glacis quand le glacis inférieur est sec au toucher en ne le colorant, de préférence, que d’un seul pigment. Utiliser des couleurs transparentes. Chaque glacis forme comme un calque qui rectifie la profondeur et la chromatique, la sensation de relief, de modelé vaporeux, d’ombrage en contour atténué de l’ensemble. Chaque glacis doit être le plus fin possible, passé avec un pinceau doux (martre, putois, oreille de veau). On peut utiliser des langues de chats en martre, ou des usés bombés.

Il y a plusieurs sortes de glacis : les glacis « foncé sur clair », les glacis « ton sur ton », et les glacis « clair sur foncé ». Les glacis de « blanc transparent (zinc) » sont appelés « vélatures ». Les derniers glacis vont unifier les teintes et atténuer les contrastes. La particularité du sfumato est qu’aucun contour n’est net. Pour faire même disparaître les touches de pinceaux les plus fins dans les glacis, il faut utiliser de la résine à séchage très lent (comme la térébenthine de Venise), et de la standolie (mais uniquement dans les dernières couches).
Une méthode plus simple consiste à ne faire que des glacis sombres sur une peinture fine sèche et poncée où les autres tons ont déjà été travaillés.

Avec la térébenthine de Venise, utiliser de l’essence d’aspic, de l’essence de térébenthine rectifiée et de la standolie (huile de lin polymérisée) pour les derniers glacis, en respectant le gras sur maigre. Chaque nouveau glacis doit être plus gras que le précédent (augmentation progressive de la proportion de résine, puis de standolie dans le mélange, sans dépasser 5%). La standolie et la térébenthine de Venise vont effacer les touches, mais sèchent très lentement (plusieurs semaines pour chaque glacis). Attendre que le glacis soit bien sec avant de le recouvrir. Cette technique diffère du glacis dans le demi-frais de la peinture académique.
L’essence d’Aspic est à séchage lent. Utiliser en petite quantité pour des retouches maigres sur une première base (une ou plusieurs couches maigres) diluée à la térébenthine rectifiée. Elle a un très bon pouvoir solvant, qui confère à la peinture et à la touche beaucoup de moelleux. Sa particularité est de fondre, de lier les couches. Comme les autres liants pour la peinture à l’huile, l’essence d’Aspic est très dangereuse. Son odeur monte à la tête et il est difficile de la travailler longtemps, le nez sur son tableau.
Son pouvoir solvant est moins sec et poisseux que la térébenthine. Pour les adeptes des techniques anciennes de glacis, le mieux est d’utiliser le Baume de térébenthine de Venise (résine du mélèze) en dosage de 5%, (pas plus, pour éviter les craquelures) dans de l’essence d’aspic. Pour conserver la loi du gras sur maigre et éviter les embus (même si le baume de térébenthine de Venise est justement utilisé pour les éviter), on ajoute, couche après couche quelques gouttes d’huile de lin polymérisée dans le mélange. Le séchage est très lent et la peinture reste brillante, ce qui évite un vernissage final. Mieux vaut peindre tout le tableau avec cette recette et attendre le séchage de la couche avant d’en passer une autre.

L’utilisation de couleurs simples croisées en transparence est le principe : blanc, vermillon, terre d’ombre etc… Les proportions et dosages de saturation permettent de monter à la fois les zones claires et les zones obscures, à partir d’un fond moyen.

Le principe du glacis est un mélange par l’optique plutôt que sur la palette. On pourrait le rapprocher des techniques informatiques à base de calques transparents.

Condensé, essentiellement d’après un article de Gabriel Delmas

ps : Les glacis actuels peuvent se faire également et notamment avec des résines alkydes et différents médiums… pour glacis.

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