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Portrait érotique

Posté : mar. 16 sept. 2014 12:04
par printan
A Londres, en juillet 2014 un portrait érotique censuré pour quelques poils pubiens !

La Society of Women Artists, institution londonienne dédiée à la promotion artistique des femmes depuis le milieu du XIXe siècle, est en émoi. Un portrait peint par la plasticienne Leena McCall vient d'être décroché de son exposition collective annuelle aux Mall Galleries après avoir été jugé « pornographique ». Il dépeint une femme debout fumant la pipe, à moitié déshabillée, la pose suggestive et altière, les épaules tatouées et le regard défiant. Le Guardian, qui rapporte l'histoire, s'étonne qu'une galerie puisse être choquée aujourd'hui par ce demi-nu révélant une légère toison pelvienne alors que l'art contemporain regorge d'exemples plus crus ou ambivalents, comme les enfants aux nez en forme de phallus des frères Chapman ou la sculpture de Jeff Koons se représentant en plein acte sexuel avec La Cicciolina. Sans parler de l'incontournable Origine du monde, de Courbet. « LES POILS, C'EST NORMAL » De quel outrage est coupable ce portrait de Mademoiselle Ruby May, debout ? Les Mall Galleries ont expliqué leur position : « Après un certain nombre de plaintes concernant ce portrait et en prenant en compte le fait qu'il était accroché sur le chemin de notre centre d'apprentissage ouvert aux enfants, nous avons demandé à ce que le tableau soit retiré. » Le journaliste du Guardian se demande si les visiteurs de la galerie londonienne ont déjà fait un saut à la National Gallery ou à la Tate voisines, qui sont parmi les musées les plus visités au monde, et exposent aux scolaires des œuvres aussi charnelles qu'Une allégorie avec Vénus et Cupidon, par Bronzino, pour la première, ou le Double portrait nu de Sir Stanley Spencer, qui ne cache rien des organes sexuels de l'artiste et de sa femme. Dans sa défense de l'œuvre, le journaliste du Guardian retourne pour sa part l'argument de l'outrage fait aux enfants : « On pourrait plaider que les représentations du corps de la femmes non épilé est justement ce qu'il faudrait montrer aux écoliers, afin qu'ils comprennent que les poils, c'est normal, et même désirable. » « EXPLORER LA VISION FÉMININE DE L'ÉROTISME » L'intention de l'artiste, qui a fait ici le portrait d'une spécialiste de la sexualité, est d'« explorer la vision féminine de l'érotisme et la façon dont les femmes expriment leur identité érotique », « au-delà du regard masculin ». La situation paraît d'autant plus ironique qu'il s'agit d'une exposition réservée aux artistes femmes et dirigée par des femmes, mais la décision n'est pas celle de l'association, qui avait sélectionné l'œuvre et désapprouve le décrochage, mais bien celle du lieu d'exposition, loué pour l'occasion. Selon le Guardian, la Society of Women Artists a été autorisée à remplacer l'œuvre par un nu moins dérangeant que cette image d'une sexualité assumée et active.